L’édito de ce numéro paru durant un Avent miné par les conflits évoque l’après et les ferments d’une paix tant attendue.
Notre certitude
Avec effarement, nous observons les conflits qui déchirent de nombreuses régions de la planète, notamment Israël-la Palestine, L’Ukraine, le Soudan, l’Arménie, le Congo… De partout, les voix s’élèvent, à juste titre, pour dénoncer les crimes et appeler à la paix. Cette préoccupation a vivement animé aussi l’équipe de rédaction de notre revue, laquelle comprend sa vocation régionale comme une pleine implication dans ce qui se passe dans notre environnement lointain comme proche.
A partir de notre enracinement régional et de nos engagements philosophiques et spirituels, que pouvons-nous dire qui n’ait pas déjà été répété inlassablement par les autres médias? Ils ne sont pas très lointains les temps où l’Alsace et la Moselle étaient au cœur de l’horreur, déchirées par un conflit, dont la résolution est souvent invoquée par les protagonistes des antagonismes d’aujourd’hui. Ce conflit, comment en sommes-nous sortis?
Certes, par un combat rude et coûteux contre les forces perverses qui s’étaient emparées des esprits et des territoires d’une grande partie de l’Europe, mais aussi par la réconciliation et la confiance que l’adversaire de hier sera l’ami de demain. La sérénité de notre région est construite sur cette sagesse qu’ont eue nos pères, alors même que les blessures du conflit étaient ouvertes, de voir le frère dans l’ennemi, le partenaire futur de la construction d’un avenir commun.
Cette perspective ne doit pas être comprise comme un espoir vague, mais vécue comme une certitude rationnelle.
Oui, le jour viendra où Israéliens et Palestiniens, Russes et Ukrainiens, etc. seront réconciliés et travailleront ensemble. Ce n’est pas une hypothèse fragile, c’est la vérité à venir. Mais pour la réalisation de cet avenir, il y a un chemin nécessaire que nous avons expérimenté dans la relation franco-allemande: le retour à la paix exige le rétablissement de la justice et ce dernier implique, pour le pardon donné et la confiance retrouvée, un partage équitable des coûts de la construction du nouvel ordre. La paix exige de chaque partie un tribut, perçu comme inacceptable au stade du conflit, mais bien léger une fois la sérénité retrouvée. Transmettons cette certitude aux belligérants d’aujourd’hui dans le monde. Appliquons là aussi à nos petits conflits locaux. Paix sur la Terre aux Hommes de bonne volonté. Seelische Weihnachten !
Jean-Marie Woehrling
