Edito – Land un Sproch 226 – Juillet 2023

Publié le 22 juillet 2023
par Culture & Bilinguisme
2023 / edito / lus226

Nous avons raté le train !

L’Edito de ce numéro 226 de juillet 2023 fait le parallèle entre l’échappée du passage de la ligne ferroviaire Paris-Berlin au profit de Sarrebruck et la perte du rôle de Strasbourg comme maillon des relations franco-allemandes.

Un grand nombre d’élus alsaciens s’inquiètent de ce que le futur train Paris-Berlin ne passera pas par Strasbourg.
En effet, le trajet le plus direct conduit par Sarrebrücken. Pour la SNCF et la DB, ce qui compte c’est l’aspect pratique: réduire au maximum la durée du trajet. Les élus alsaciens invoquent la dimension symbolique : Strasbourg incarne l’amitié franco-allemande, l’Alsace constitue le trait d’union naturel entre les deux pays. Hélas ces arguments symboliques n’ont plus guère de poids car Strasbourg et l’Alsace ont négligé leur vocation franco- allemande: la région est devenue presque exclusivement monolingue francophone, les projets transfrontaliers restent anecdotiques, le nombre d’étudiants en allemand à l’université de Strasbourg est infime. Aucun des centres nerveux de la coopération franco-allemande, que ce soit au plan intellectuel, économique ou politique, ne se trouve à Strasbourg et cela vaut même pour ARTE dont les vrais centres de décision ne s’y trouvent pas. Les responsables politiques et économiques allemands qui avaient autrefois le béguin pour «Straßburg, die wunderschöne Stadt » sont désormais indifférents au sort de celle-ci, devenue simple ville de province française et soutiennent Bruxelles dans son rôle de capitale européenne. Pour les nouvelles générations de leaders économiques et politiques, les simples références historiques à Strasbourg comme lieu-symbole de la réconciliation franco-allemande n’ont plus guère de poids. On veut du concret : le train Paris-Berlin doit drainer les acteurs de la coopération. Mais ceux-ci ne sont guère à Strasbourg. Il faut aller vite et le passage par Strasbourg est un détour. Il faut regarder la réalité en face: nous n’avons pas su jouer la carte du franco-allemand. L’Alsace n’est pas la cheville ouvrière des relations entre la France et l’Allemagne (l’a-t-elle jamais été?), Strasbourg n’est plus le lieu naturel de rencontre entre Paris et Berlin.
Nous avons raté le train !

Jean-Marie Woehrling

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