Edito – Land un Sproch 2018 – juin 2021

Publié le 28 juin 2021
par Jean-Marie Woehrling

Tous unis pour la langue régionale ?

La décision du Conseil Constitutionnel est si scandaleuse qu’elle a suscité un mouvement général de sympathie pour les langues régionales allant jusqu’au président de la République qui a exprimé son attachement à l’enseignement immersif délivré par ABCM et les autres écoles immersives, l’intégralité des présidents de région s’étant adressés au chef de l’état pour lui demander de trouver les moyens de sécuriser l’enseignement immersif des langues régionales.

Même les mouvements habituellement frileux à l’égard de ces langues s’inquiètent d’une menace de «mise à mort». En Alsace aussi, les manifestations du 29 mai ont exprimé l’unanimité du soutien. On s’en réjouit, mais on n’est pas dupe. Dans le contexte électoral, il est aisé de faire l’unité contre le Conseil Constitutionnel et d’afficher un attachement pour le «patrimoine» que représentent les langues régionales. On peut même créditer de sincérité la plupart des déclarations d’attachement à ces langues. Mais la sincérité n’exclut pas l’inconséquence.

Tout le monde est pour les langues régionales comme tout le mode est pour l’environnement ou pour plus de justice. Mais ces valeurs bien partagées ne doivent déranger ni le confort personnel ni les choix collectifs. La tendance générale est, après une belle protestation, de continuer comme avant.

De l’importance des collectivités territoriales

Qu’il en soit ainsi du côté du ministère de l’éducation nationale, qui après avoir suscité le recours au Conseil Constitutionnel, nous explique qu’il est attaché à l’enseignement des langues régionales, ne nous surprend pas. C’est des représentants des collectivités territoriales, qui avaient salué avec enthousiasme le vote de la loi Molac, qu’on attend maintenant un engagement renforcé pour l’enseignement immersif hors du service public où il est juridiquement interdit. Mais on ne voit pas venir grand-chose. Il semblerait que pour eux un peu d’activités périscolaires (il en faut bien sûr) suffira à relever le défi…

Quant à nos parlementaires, il est aisé de préconiser une réforme constitutionnelle pour les calendes grecques. Ce dont nous aurions besoin, c’est le vote d’une loi pour le financement de l’enseignement immersif hors contrat.

De façon générale, c’est aux actes qu’on jugera le sérieux des démonstrations d’attachement aux langues régionales, qu’il s’agisse du Président de la République ou de nos élus locaux.

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