Alsace et Moselle : même combat
L’Edito de ce numéro 225 de mars 2023 évoque la communauté de destin de l’Alsace et de la Moselle et la nécessité d’un travail commun.
Le 4 mars dernier, la section mosellane de notre association a organisé à St-Avold un colloque sur l’enseignement bilingue français-allemand en Moselle. La problématique du bilinguisme est fondamentalement la même en Alsace et dans la Moselle traditionnellement germanophone: une perte croissante de la langue régionale, une opposition artificielle entre l’allemand standard et les dialectes, le manque d’enseignants compétents, l’engagement insuffisant des élus, les blocages de l’éducation nationale. La situation est encore pire qu’en Alsace.
Sur bien d’autres aspects, l’Alsace et la Moselle partagent la même histoire et les mêmes intérêts, le droit local, la coopération transfrontalière, la double culture française et allemande, le même bassin hydrographique pour le transport fluvial, etc. Ces intérêts devraient susciter plus d’actions communes et de solidarités. Le fait de s’être retrouvé dans la même «Grande Région» n’y a guère contribué. Plus que jamais, il faut renforcer les liens envers et contre tout. Nos prédécesseurs qui ont voulu que notre association étende son champ d’action à l’Alsace et à la Moselle ont été bien inspirés.
La perspective d’une sortie de l’Alsace du Grand Est doit être accompagnée d’un renforcement des liens avec la Moselle. à l’occasion du trentième anniversaire de l’Institut du Droit Local célébré le 10 octobre 2015 à Sarreguemines, une déclaration a été adoptée par les trois présidents de conseils départementaux pour prendre l’engagement de favoriser la coopération. Cette déclaration n’a guère été suivie d’effets, mais elle a gardé toute son actualité. D’ores et déjà la Collectivité européenne d’Alsace et le département de la Moselle se sont associés pour initier la création d’un « conseil représentatif du droit local alsacien-mosellan».
Demain, ils pourraient jeter ensemble les bases d’un Office Public de la langue régionale d’Alsace et de Moselle. Il serait temps que la Moselle rejoigne la Collectivité européenne d’Alsace dans le soutien d’ABCM-Zweisprachigkeit qui a fait un travail remarquable à Sarreguemines. La création d’une taxe poids-lourds en Alsace doit se faire en concertation avec la Moselle. Les deux collectivités doivent jouer un rôle moteur dans les structures de la coopération transfrontalière franco-allemande. Il ne s’agit là que de quelques exemples pour l’action commune.
Jean-Marie Woehrling